Le Génie des autres / Unrehearsed Beauty

 

2002

Une performance qui prend la forme d’un concert rock. C’est également une tentative de transformer le théâtre en une tribune publique où il devient possible d’exprimer des idées tant politiques que personnelles. Une occasion de vérifier s’il est encore faisable, en l’espace d’une heure, de créer une sorte de communauté temporaire avec l’auditoire, qui a droit de parole et qui peut discuter avec les artistes et autres membres du public, brouillant ainsi la ligne qui généralement les sépare.

 

Les performeur·euses se mêlent aux membres du public et, quand le spectacle commence, iels viennent s’assoir avec eux dans le « théâtre » : un espace de cabaret avec des tables et des chaises où trône une toute petite scène remplie d’instruments de musique. Un à un, les artistes interviennent aux microphones pour informer les spectateur·rices qu’ils peuvent s’en servir dès qu’iels ont envie de parler.

On lit des textes, on fait des actions préparées, on raconte des expériences personnelles et sociales, on joue quelques pièces de musique qui nous rendent heureux malgré notre interprétation parfois incertaine. Le collectif est composé d’artistes œuvrant en performance, en théâtre, en danse, en arts visuels, certain·es engagé·es socialement. Dans certaines villes, un ou deux artistes locaux sont parfois intégré·es à la performance à titre « d’interprètes-traducteur·rices », selon une partition simple, permettant une conversation fluide entre artistes et public.

Le spectacle prend forme pour mieux se « suspendre », à intervalles plus ou moins réguliers, laissant ainsi les personnes dans la salle libres de parler et de discuter calmement. Dans ce monde où l’on travaille trop ou pas assez et où l’on consomme d’une façon triviale, on cherche à créer une participation directe, sensible. Tenter une brèche dans l’impossible, pour que quelque chose puisse doucement émerger. Pour vivre dans un monde où nos pensées et nos émotions auraient un effet réel sur la société.

Cette création est vaguement inspirée du livre de Jacob Wren, Unrehearsed Beauty (Coach House Books, 1998) et, en version française, Le génie des autres (Quartanier, 2007).

 

Création et performance : Martin Bélanger, Alexandra Rockingham Gill, Simone Moir (remplacée à une occasion par Shannon Cochrane), Samuel Roy-Bois, Julie Andrée T., Tracy Wright et Jacob Wren. Traduction et caméos (en tournée) : Thomas Lehman (Hambourg et Berlin), Vladimir Javorksý et Ewan McLaren (Prague), Ayako Kuwabara et Adam Broinowski (Tokyo). Soutien technique : Mathieu Chartrand. Soutien à la production et à la tournée : VK Preston et Martin Bélanger.

En coproduction avec le Kampnagel (Hambourg), le BIT Teatergarasjen (Bergen), le MAI (Montréal, arts interculturels), le Carrefour international de théâtre de Québec et Les Productions Recto-Verso – Méduse (Québec). Avec l’appui du Conseil des Arts du Canada, de Patrimoine canadien, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts de Montréal, à l’occasion de Québec Focus in the UK 2003 et de La Saison canadienne à Prague 2003.

 

Québec, Carrefour international de théâtre – Les Productions Recto-Verso • Montréal, MAI (Montréal, arts interculturels) • Hambourg, Kampnagel • Berlin, Prater-Volksbühne • Tokyo Post-Mainstream Performing Arts Festival • Cardiff, Chapter Arts Centre • Glasgow, CCA • Manchester, The Green Room • Bergen, BIT Teatergarasjen • Trondheim, Teaterhuset Avant Garden • Olso, Black Box • Prague, Divadlo Archa • Halifax, Khyber Centre for the Arts • Toronto, festival international de la performance 7A*11D


Spectacle déroutant et substantiel en ce qu’il provoque de réflexions […] La déconstruction systématique des conventions théâtrales qui caractérisent ce spectacle prend un sens extraordinaire ; on se voit forcé de réfléchir sur ce qu’on appelle le théâtre ; on écoute des gens qui racontent leur petite histoire, et on se rend compte qu’elles sont fascinantes dans leur simplicité. […] Ils sont vraiment beaux, ces autres dont on ne sait rien […] Le Génie des autres / Unrehearsed Beauty donne un sérieux coup de balai aux fonctions et aux rôles attendus de l’acteur et du spectateur ainsi qu’à l’interactivité entre l’art et la vie.

– Solange Lévesque, Le Devoir, Montréal

Le Génie des autres / Unrehearsed Beauty […] est un théâtre en point d’interrogation. Il formule, au moment où la fatigue du jour retombe, l’hypothèse d’une possible prise de possession de l’espace scénique par l’espace civique.      

– Jean St-Hilaire, Le Soleil, Québec


En écrivant sur le travail du Torontois Jacob Wren et de la montréalaise Cie PME, la critique prête le flanc à toutes sortes de choses, la première étant de faire éventuellement partie du spectacle, par le biais de citations. Mais cette fois, elle n’est pas seule, puisque les spectateurs ont également leur rôle à jouer dans Le Génie des autres / Unrehearsed Beauty, sorte de « cabaret rock » participatif […] En tentant d’établir un réel dialogue avec les spectateurs, PME se rapproche encore plus de l’authenticité tant souhaitée.

– Ève Dumas, La Presse, Montréal

Tentative réussie d’utiliser la scène pour se demander si l’individu peut faire une quelconque différence, changer quoi que ce soit.

The Western Mail, Cardiff


C’était en novembre, il faisait mauvais et j’étais déprimée. On était déprimés, c’était à berlin, à prater. Une performance se déroulait, l’auditoire était modeste, les gens sur scène étaient intelligents et beaux, rien de spécial […] Un micro a été placé au milieu du public, quelqu’un a dit : vous pouvez utiliser le micro – ok, allons-y – notre (nos) cerveau(x) de public commence(nt) à fonctionner : une occasion. est-ce qu’on peut s’en servir? est-ce que je peux m’en servir? des zones prometteuses de « oui et non » s’ouvraient et se fermaient, des pour et des contres et des peut-être […] Quelque chose comme la catharsis, je ne savais pas qu’une telle chose existait encore.

– Courriel d’une spectatrice (Berlin)

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